Le projet

    L'idée de graine semée, maintenant nous partons...

    Concrètement, Pauline s'est mise à l'espagnol, moi j'ai repris un peu mes bases du lycée en feuilletant une minuscule méthode de poche pour l'espagnol argentin... Elle, s'est plutôt renseignée sur la partie cheval vu ses connaissances et son aptitude à ensivager ce qu'il nous fallait avant de partir ou pas en fonction de ce qu'on pourra trouver là-bas, et moi je me suis tapée le côté administratif chiant, parce qu'il parait que je suis organisée et que je m'en sors pas mal là-dedans et aussi parce que Pauline a un passé conséquent de manquage d'avion ou de faux départ à cause de problèmes de papiers, donc il était clair que c'était bien de se répartir les préparatifs comme ça... On est deux pour se compléter, autant en profiter (même si je relativise le côté tête en l'air de Pauline, qui assure de manière mûre au quotidien, même si elle n'aime pas les dates et les logiques administratives)...

    Les mois d'octobre et novembre ont été parcourus de quelques lectures, renseignements et bidouillages pour rentrer sur le territoire avec un aller-retour pour un voyage de cinq mois et demi, quand on a le droit à trois mois de visa. Eh oui, parce que je suis assez douée pour dénouer les jeux compliqués de l'administration pour savoir ce qu'on a le droit ou pas de faire dans ce monde où la liberté est un concept bien délimité sur le terrain, mais il y a toujours des surprises... En Argentine, pas besoin de visa, mais une fois sur place, on a un tampon pour trois mois, au-delà, il faut un prolongement pour 90 jours supplémentaires, facile à obtenir une fois en Argentine. Mais si tu vas là-bas avec un billet d'avion dont le retour est prévu au-delà des trois mois, comme c'est notre cas, sans preuve de sortie de territoire avant les trois mois, tu vas à Paris prendre tranquillement ton avion pensant être en règle, et on te dit qu'on ne peut pas te prendre ! Et là t'as bien les boules... Eh bien sûr, j'ai appris cette info APRES avoir acheté les billets d'avion... Me demandez pas pourquoi c'est illogique d'être refusé par la compagnie aérienne alors que sur place aucun problème, demandez-vous plutôt si vous connaissez une gestion administrative simple et logique des flux migratoires dans notre monde.... Donc on a dû acheter des billets de bateaux pour faire croire qu'on faisait le tour de l'Amérique du Sud en commençant par l'Argentine... Voilà pour la petite histoire d'une galère dont on saura le dénouement à l'aéroport...

    Concrètement, on s'est équipé contre le froid, avec une tente pouvant nous abriter par des vents de folie (il parait qu'il y en a beaucoup du vent, et qu'il arrive un peu n'importe quand, alors c'est mieux d'avoir une bonne tente) et des températures basses quand nous serons au sommet de je ne sais quel montagne des Andes où on se les pèlera, équipé aussi contre le soleil qui tape apparemment bien fort là-bas en été, et équipé dans notre tête pour connaître un peu la situation du pays, la langue et savoir si vraiment deux filles toutes seules là-bas c'est dangereux et qu'on est complètement barrée de faire ça... Si vous nous connaissez, vous savez qu'on est aventurière mais pas inconsciente, donc si on part, c'est que l'Argentine est accueillante plus que dangereuse, à part pour les vols, mais ça faut faire gaffe comme partout...

    Au niveau de la logistique pour nos compagnons de voyage les chevaux, on verra là-bas, on a un site de toutes les estancias (fermes) qui vendent des chevaux, on s'est bien imprégné du livre Techniques du voyage à cheval, donnant pleins de bons conseils pour organiser un voyage au long cours, et on sait qu'on trouvera tout l'équipement nécessaire là-bas pour être assise confortablement sur le dos de nos co-voyageurs... Pour ceux qui croient que l'Argentine est le fin fond du bout du monde, sachez que c'est un pays bien plus moderne que votre esprit peut l'envisager, qu'on y trouve l'électricité, l'eau, internet et tout le nécessaire pour le quotidien à cheval comme à, pieds... Donc envisager organiser techniquement le côté équestre là-bas n'est pas une idée farfelue...

    Un compagnon déjà dans mon sac, c'est mon micro avec de quoi faire de bons enregistrements durant notre voyage... Je vous ramènerai nos galops dans la pampa, nos scènes de galère à planter la tente sous la pluie avec la nuit arrivant un jour de prise au dépourvu, et aussi nos rires avec les gauchos, leur façon d'être à cheval et tous les sons qui pourront vous faire voyager auprès des argentins sans y être allés... Agrémentés des photos dont se chargera Pauline, vous pourrez avoir un carnet de voyage concret...

    Et où exactement vous nous ferez voyager en Argentine avec tes sons et l'autre Pauline avec tes photos ?

    Dans l'idée, on atterrit à Buenos Aires, on passe quelques jours dans la capitale pour trouver des cartes précises, essayer de prolonger notre visa, et découvrir un peu la ville, et on file en bus à San Carlos de Bariloche, au nord de la Patagonie, dans la cordillère des Andes (19h de trajet pour parcourir 1600 km, oui, c'est grand l'Argentine, c'est pour ça qu'on ne fait que ce pays et pas toute l'Amérique du sud à cheval). On voudrait trouver une estancia dans le sud de San Carlos de Bariloche, y passait plusieurs jours pour s'imprégner des manières équestres des argentins et trouver des chevaux qui nous aillent bien et qui ont la capacité physique à nous suivre dans notre long voyage. On en achèterait trois ou deux chevaux et une mule (mais on est plutôt parti sur trois chevaux)... 

    Et andiamo !

    On tracerait notre route à cheval dans la cordillère des Andes au début, pour revenir un peu vers les plaines après quelques semaines de voyage, histoire de changer de paysages en allant dans la direction de Neuquén. On reviendrait dans les Andes en longeant une partie du fleuve Rio Negro pour monter dans le nord des Andes jusque dans la région de Mendoza. (Pour voir où c'est sur une carte et le trajet réel effectué, allez dans "Par où passons nous ?"...).

    On a cinq mois et demi de voyage en tout, entre le temps d'aller dans la pampa, d'acheter les chevaux et de partir à cheval, et le temps qui nous sera nécessaire pour les revendre, on table sur 4 gros mois réellement à cheval, ce qui nous permettrait de faire autour des 2500 bornes... On verra sur place en fonction de notre rythme, de nos envies d'avancer ou de rester parfois auprès des gauchos, etc...

    Le rythme du voyage, j'en suis certaine, se mettra en place malgré nos différences rythmiques, entre Pauline qui a besoin d'aller courir et de se dépenser quand moi j'ai besoin de faire la sieste... C'est bien un point sur lequel l'on ne sait pas encore, mais on imagine qu'il y aura un équilibre à trouver pour s'entendre et trouver chacune notre compte dans la durée du voyage puisque je suis très oisive, quand elle ne tient plus en place... Le temps que l'on a pu passer ensemble dans les préparatifs ne me donne pas du tout l'impression que dans notre différence on soit en réelle discordance... On verra ce que l'aventure qui est avant tout humaine nous réserve...